What is Love | 2nd Chapter
What is Love ?
Cet humain avait quelque chose de captivant, et me captivait. Etait-ce son regard perçant ? Son sourire unique à ma mémoire, ou bien sa capacité à me mettre en difficulté ? Quoi qu'il en fût, je souhaitais continuer la discussion. De plus, il m'avait donné un nom. Un pas de plus vers l'humanité.
"Me permettez vous de vous tutoyer ?
Il avait rompu le silence de mes réflexions. Son désir de tutoiement révélait un désir de rapprochement, et je ne pouvais douter qu'il le savait.
- Seulement si je le puis avec vous.
- Alors qu'il en soit ainsi. Souhaitez vous… Euh, souhaites tu boire quelque chose ?
- Avec plaisir."
Je raffolais des plaisirs gustatifs, futilité aux yeux d'une IA, mais tant appréciable auprès des humains. Les découvertes qu'offraient les sens humains me ravissaient chaque journée que mon existence autorisait. Les délices des bulles du champagne pétillant sur la langue émerveillaient mon esprit analytique, l'amertume de la gentiane offrait à mon palet l'âpre sensation de la mort, l'alcool enivrait mes sens de son feu sucré. Si le métal possédait l'éternité, la chair quant à elle détenait le plaisir. Hatsukoi commanda nos boissons grâce à l'interface prévue à cet effet. Le serveur troubla notre silence et nous laissa à notre observation délicieuse. Le jeune humain se leva et vint s'asseoir à ma droite, nos boissons en main. Il me tendit la mienne souriant et sembla hésiter avant de parler.
"Yuki.
Voyant son hésitation, et son embarras, je le soutins.
- Oui ?
- As-tu… As-tu déjà aimé un garçon ?
Je ne m'attendais absolument pas à cette question et j'imagine que cela se lu sur mon visage car Hastukoi pinça les lèvres. Sa phrase confronta en moi deux choses. Le fait que dans la société humaine, les normes n'approuvent pas explicitement les relations du même sexe, ainsi deux humains ou deux humaines, sont mal vus lorsqu'ils ont une relation intime. Mon deuxième problème était le mot amour. Philosophes humains et mathématiciens IA ont tous tenté de définir l'Amour, sans succès. Je savais que cela signifiait grand attachement à quelque chose et peur de sa perte. Mais je trouvais malgré toute cette signification bien maigre comparée à l'embarras dont faisait preuve Hatsukoi.
- Je… Je ne sais pas. Je ne sais même pas ce qu'est l'amour.
Son sourire signifia qu'il était soulagé.
- L'amour est effectivement si difficile à définir. Mais, n'as-tu jamais ressenti de l'intérêt pour un garçon ? Une attirance implicite inexpliqué et inexplicable ?
C'était effectivement ce que je ressentais envers lui, je devais savoir ce qu'il attendait de moi.
- Admettons que oui, que veux tu me dire ?
Il sourit encore plus, et ses yeux provoquèrent chez moi un frisson. J'appréciais cette découverte, un corps humanoïde avait définitivement bien des secrets.
- Je souhaiterais t'offrir tout ce qu'un garçon peux te faire découvrir."
Il n'était qu'à quelques centimètres de moi, et s'approcha encore, de telle façon que nos lèvres se touchèrent. Je sentis une sensation encore inconnu au niveau du thorax, et ses lèvres étaient douces, aussi douces que le velours sur lequel nous nous embrassions. Quand ses lèvres quittèrent les miennes, son regard réchauffa mon abdomen, je ne souhaitais à ce moment là que nos lèvres ne se fussent jamais séparées. Je sentais comme une flamme animer mon torse. Etait-ce ça, ce que les humains nomment le cœur ?
Le plus funeste des hasard voulus qu'à ces instants ci, quelques humains passèrent devant notre cabine et nous entraperçoive à travers le mince espace que formait l'entrebâillement de la porte mal refermée par le serveur. Ils entrèrent l'air outré et leurs yeux, eux, me figèrent dans ce canapé, témoin muet de la plus grande découverte que je fis. Ils empoignèrent Hatsukoi qui semblait empli de peur, et le jetèrent contre le mur. Quant à moi, je reçu un violent coup au visage. Ce fut ma première expérience de la douleur, et de la peur. Je sentis ma chair meurtrie se déchirer et un flot sanguin vint saler mes lèvres. Je voyais à peine Hatsukoi qui lui aussi subissait les sévices de l'intolérance humaine. Un coup au thorax me coupa le souffle, et créa au sein de mes pensées affolées, un sentiment dont j'avais tout appris. La haine m'embrasa. Sarajevo, Hiroshima, Nagasaki, Kobe, L'Arménie, le Darfour, l'Iran, la crise du tiers monde, la troisième guerre mondiale, le conflit entre les robots et les humains, le génocide robotique, l'exil des IA, tout me revint en tête. Des images défilaient dans ma tête tandis que mon sang se répandait sur le sol, invisible sous la lumière rouge. La haine montait toujours, ravivant en moi les cours d'anatomie humaine, les faiblesses de sa constitution. Dans un souci de ressemblance aux humains, je fus doté de la capacité à ressentir la douleur. Il me fallu quelques secondes pour la désactiver. Ainsi insensible à mon corps, je me relevais et faisait face à nos assaillants. Je projetais mon pied de toute la force dont fut capable mon enveloppe corporelle dans l'entrejambe de la pourriture organique qui m'avait brisé le nez, il se souleva de quelques décimètres dans les airs et s'écrasa sur la table en verre. J'entendis derrière moi les bruits d'une sirène, et les infâmes humanoïdes désertèrent la cabine. Peu à peu la douleur revenait en moi, rivalisant avec la haine, puis la surpassant. Je tombai à terre, sous le poids de la souffrance, et je vis, avant de fermer les yeux, Hatsukoi pleurant dans ses mains.